L’endroit ressemble à Christiania, le quartier le plus mouvementé de Copenhague. Nous sommes pourtant en Slovénie, à près de 2.000 kilomètres de la capitale danoise. A Ljubljana, dans la zone autonome de Metelkova, au milieu des sept bâtiments de 12.500 m2 implantés dans le quartier des hôpitaux, police et représentants de cet ancien camp militaire vivent une histoire chargée. Squatté en 1993, pris d’assaut par les skinheads nazis en 1994, l’ancienne base commandée par l’armée austro-hongroise en 1882 semble aujourd’hui calme et tolérée. En pleine journée, artistes, barmen, voyageurs installés à l’auberge de jeunesse, arpenteurs de rave-parties sur leurs fins, graphistes ou représentants d’associations culturelles font bon ménage.
La nuit tombée, les bars ouverts et la musique branchée, c’est le début d’un autre Metelkova. Les fêtards venus passer le week-end en ville, les sans-abri de Ljubljana ou les artistes “locataires” viennent boire un verre, discuter, danser et chauffer l’endroit. Un peu trop parfois. D’accolades en bousculades, la fête peut tourner aux poings. “Hier, vers cinq heures du matin, ça a dégénéré et une personne s’est fait assommer d’une bouteille éclatée sur la tête”, raconte, au petit matin, un employé de l’auberge Celica, ouverte en lieu et place de la prison qu’abritait le camp.
Depuis les premiers pas de la zone autonome en 1993, ce quartier au statut à part a toujours évolué dans la crainte de ne plus exister. Des programmes de développement envisagés par la municipalité et les politiques menacent Metelkova. Certains le verraient bien reconverti en centre commercial. Les problèmes internes des soirées violentes et vendeurs de drogues n’arrangent rien. Le ministère de l’Intérieur slovène resserre l’étau. “Aujourd’hui, la police est passée deux fois. Une vingtaine de leur véhicules était postée à l’entrée de l’hôpital d’à côté”, raconte Elena, étudiante en sociologie de 23 ans. Une scène qui revient de plus en plus fréquemment”, conclu-t-elle.
Pour le moment, les allers-et-venues des forces de l’ordre et les manifestations de soutien à l’autonomie de la zone et de la diversité de sa population sont sans violences. La richesse, la créativité, les festivals et la présence de l’unique Centre des Femmes slovènes du pays à Metelkova pour meilleure défense.
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